Endoscopy 2013; 45(06): 593
DOI: 10.1055/s-0033-1344368
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Commentaire de travail de G. Longcroft-Wheaton et al., pp. 426

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Publication Date:
25 June 2013 (online)

G. Longcroft-Wheaton, J. Brown, P. Basford, D. Cowlishaw, B. Higgins, P. Bhandari. Duration of acetowhitening as a novel objective tool for diagnosing high risk neoplasia in Barrett’s esophagus: a prospective cohort trial.

Commentaires: Dr Stéphane Koch (Besançon)

L’endobrachyœsophage (EBO) est un facteur de risque de l’adénocarcinome oesophagien et son incidence est croissante. Il est diagnostiqué dans 10 à 15 % des endoscopies réalisées pour bilan de reflux. L’analyse du pit pattern et des anomalies vasculaires de surface en lumière blanche après pulvérisation d’acide acétique nécessite une expertise et sa reproductibilité inter-observateur est discutée. Les auteurs de cet article ont mesuré la durée de la persistance du blanchiment des languettes après pulvérisation d’acide acétique dans une étude monocentrique et prospective chez des malades porteurs d’EBO.

Avant l’endoscopie, les malades traités par IPP, buvaient 50 ml d’eau avec 5 ml de N-acetyl-cysteine et 5 ml de simethicone afin d’éliminer les bulles et le mucus. Des endoscopes Fujinon étaient utilisés sans zoom pour repérer la zone suspecte définie. L’acide acétique était pulvérisé grâce à un cathéter et l’excédent aspiré, puis le chronométrage débutait jusqu’à disparition du blanchiment de l’EBO. Ce temps était comparé à l’analyse histologique en “aveugle”. Cent trente deux malades ont été étudiés par 2 opérateurs entrainés (84 % d’hommes âgés de 69 ans en moyenne). La taille moyenne de l’EBO était C3M4; 86 plages correspondaient à de la métaplasie intestinale (MI), 27 à de la dysplasie de haut grade (DHG), et 19 à de l’adénocarcinome. Le temps de blanchiment était de 311 secondes (14-992) pour la MI, 53 secondes (4-288) pour la DHG et de 23 secondes (3-81) pour l’adénocarcinome. L’aire sous la courbe ROC pour distinguer les lésions à haut risque (DHG, cancer) de la MI était de 0,93 et si le seuil était défini à 142 secondes, la sensibilité et la spécificité de la technique étaient respectivement de 98 % et 84 %. En revanche, pour distinguer la DHG du cancer, l’aire sous la courbe ROC était de 0,78. Si le seuil de 20 secondes était choisi la sensibilité était de 67 % et la spécificité de 85 %. Avec un seuil établi à 142 secondes, il y avait 14 faux positifs, tous du fait d’une inflammation de stade 2. Un seul faux négatif a été observé, la zone a été réexaminée concluant au fait que la plage de DHG n’avait pas été vue à la première endoscopie en raison de sa petite taille.

Le temps avant recoloration après blanchiment à l’acide acétique est un nouvel outil diagnostic. Un temps inférieur à 142 secondes permettrait de diagnostiquer une DHG avec une sensibilité et une spécificité très importantes posant ainsi l’indication d’un geste endoscopique. Un temps inférieur à 20 sec permettrait d’alerter sur le caractère invasif du cancer surtout si une résection endoscopique est envisagée. Alors que les techniques concurrentes donnent des résultats discutés ou nécessitent des équipements couteux plus difficiles à mettre en place dans un dépistage de masse, la force de cette technique est sa facilité d’utilisation. Elle renforce l’intérêt de l’acide acétique et guide l’endoscopiste. Des seuils ont été définis dans ce travail, il faudra envisager de nouvelles études prospectives de manière multicentrique pour les confirmer.