Endoscopy 2015; 47(01): 93
DOI: 10.1055/s-0034-1391310
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Commentaire du travail de Kaise M et al., pp. 19

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Publikationsdatum:
22. Dezember 2014 (online)

 

Mitsuru Kaise, Yasuo Ohkura, Toshiro Iizuka, Ryusuke Kimura, Kosuke Nomura, Yasutaka Kuribayashi, Akihiro Yamada, Satoshi Yamashita, Tsukasa Furuhata, Daisuke Kikuchi, Osamu Ogawa, Akira Matsui, Toshifumi Mitani, Shu Hoteya. Endocytoscopy is a promising modality with high diagnostic accuracy for gastric cancer.

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L’endocytoscopie est une technique d’endoscopie avec magnification permettant, par comparaison à l’endomicroscopie confocale, la visualisation précise de la surface de la muqueuse digestive. Son usage requiert une coloration préalable au bleu de méthylène et au crystal violet ainsi qu’une sonde ou un endoscope spécifiquement équipé. La magnification maximale de ce dernier appareil, dite ultra-haute, peut atteindre 380 fois, et par conséquent caractériser non seulement des anomalies de l’architecture tissulaire, mais aussi des atypies cellulaires. Cette technique a démontré d’excellentes performances diagnostiques dans le diagnostic des lésions coliques, œsophagiennes et pharyngées. La relativement faible absorption des colorants par la muqueuse gastrique a jusqu’alors limité le développement de cette technique dans la caractérisation des lésions gastriques. M. Kaise et al. ont réalisé, à l’aide d’un système d’endocytoscopie intégré à un endoscope (CCD-integrated endocytoscope, GIF-Y0002, Olympus Corp., Tokyo), une étude pilote, prospective et monocentrique, visant à déterminer la faisabilité de l’endocytoscopie dans la caractérisation des lésions gastriques.

Les auteurs avaient défini a priori, par des confrontations endocyto-histologiques, l’aspect de la muqueuse normale, ainsi que des atypies endocytoscopiques de haut grade, telles que la disparition de la lumière d’une glande, la fusion de deux glandes, la disparition de la structure glandulaire, des anomalies nucléaires (perte de la position, irrégularité des contours, augmentation de volume). Des atypies endocytoscopiques de bas grade, correspondant à des irrégularités modérées dans la structure des glandes, étaient aussi décrites. La référence était l’examen histologique de la lésion, à partir de la pièce de dissection sous-muqueuse ou de l’analyse des biopsies. Les patients programmés pour évaluation endoscopique préthérapeutique ou dissection sous-muqueuse gastrique entre 2010 et 2012 étaient inclus dans l’étude. L’examen était réalisé en lumière blanche, puis en endocytoscopie, après un lavage de la lésion par une solution de pronase et de dimethicone, et une double coloration au crystal violet à 0,05 % et au bleu de méthylène à 0,1 %, répétée au besoin.

L’examen durait en moyenne 26 mn, dont environ la moitié était consacrée à l’endocytoscopie. Au total, 82 lésions chez 54 patients étaient examinées, parmi lesquelles 23 cancers superficiels (les lésions en dysplasie de haut grade et les carcinomes intra-muqueux étaient regroupés sous cette appellation, correspondant à la catégorie 4 de la classification de Vienne révisée), 10 adénomes gastriques en dysplasie de bas grade et 49 lésions non néoplasiques (érosions, ulcères, polypes hyperplasiques, métaplasie intestinales, berges de résection après dissection sous muqueuse). En raison de la persistance de mucus empêchant la fixation des colorants, en particulier sur les polypes hyperplasiques, 88 % (77/82) des lésions, et 91 % (21/23) des cancers étaient effectivement examinés en endocytoscopie. Les chiffres de sensibilité, spécificité, précision diagnostique, valeur prédictive positive et négative de la technique étaient de respectivement 86 % (IC 95 % = 75,9 % – 93,1 %), 100 % (IC 95 % = 95 % – 100 %), 96 % (IC 95 % = 88,3 % – 99,1%), 100 % (IC 95 % = 95 %-100 %) et 94 % (IC95 % = 86,4 %-98,5 %). Aucune complication n’était rapportée.

Cette étude démontre la faisabilité de l’endocytoscopie à ultra-haute magnification dans la caractérisation des lésions gastriques, moyennant un temps d’examen relativement long, et des procédures répétées de lavage et de coloration. La spécificité de la technique pour les lésions de haut grade ou les cancers superficiels semble être excellente entre les mains d’un expert japonais. Ces données devront donc être confirmées lors de travaux multicentriques ultérieurs. Si les endoscopes permettant l’endocytoscopie ne sont pas disponibles en France à l’heure actuelle, ce type d’étude permet de faire progresser l’ensemble des techniques avancées d’endoscopie diagnostique par les corrélations endoscopiques et histologiques qu’elle met en évidence. Enfin, le développement d’endocytoscopes intégrés aux endoscopes et l’utilisation potentielle dans tous les segments du tube digestif augmente sensiblement l’attractivité de la technique.