Endoscopy 2018; 50(03): 310
DOI: 10.1055/s-0038-1623343
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Georg Thieme Verlag KG Stuttgart · New York

Risque carcinologique des polypes festonnés

J Tannoury
1   Créteil
,
C Cremone
1   Créteil
,
C Charpy
1   Créteil
,
C Gagnière
1   Créteil
,
AL Rentien
1   Créteil
,
F Mesli
1   Créteil
,
Y Le Baleur
1   Créteil
,
A Amiot
1   Créteil
,
I Sobhani
1   Créteil
› Author Affiliations
Further Information

Publication History

Publication Date:
26 February 2018 (online)

 

Introduction:

Le cancer colorectal (CCR) demeure une des principales causes de mortalité par cancer justifiant des actions de dépistage. Le test d'Hemocult basé sur le saignement occulte n'est pas adapté aux polypes dits «festonnés» ou serrated polyps (SP). Certains cancers d'intervalle après le test immunologique de dépistage-FIT (pourtant plus sensible) pourraient être secondaires à SPs (Gastroenterology 2017;153:439 – 447). A côté de la séquence classique adénome-adénocarcinome, le SP correspondrait à une voie de carcinogenèse alternative impliquant des mutations génétiques différentes.

Le BUT de notre étude est de réunir des arguments épidémiologiques en faveur du rôle de l'environnement dans les deux voies proposées sur les caractéristiques spécifiques des SPs et des TA en référence à l'évolution vers la dégénérescence cancéreuse (dysplasie de haut grade-DHG ou cancer).

Patients et Méthodes:

Les dossiers de 6228 patients adressés entre 2010 et 2014 pour coloscopie (tous motifs confondus) à notre centre ont été étudiés rétrospectivement. Au total sur 2454 coloscopie avec lésion macroscopique apparemment néoplasique, 2217 patients ayant satisfait les critères suivants: coloscopie complète, une préparation acceptable (score Boston Bowel Preparation Scale > 7/9) et présentant au moins une lésion macroscopique de type néoplasique (au moins un polype), analyse histopathologie disponible ont été retenus pour analyse (parmi les exclus, 85% en raison d'histopathologie manquante). Ainsi les caractéristiques épidémiologiques (âge, sexe), cliniques, anatomiques (siège et l'histologie) de chaque polype réséqué des adénomes traditionnels (TA), ou festonnés (SP) ont été évaluées sur leur association avec l'étape précancéreuse (polype avancée:taille> 1 cm, composante villeuse, ou dysplasie de haut grade) ou cancer (K: in situ ou invasif).

Résultats:

L'âge moyen (DS) et sexe ratio (%H) des 2217 patients analysés étaient respectivement de 64,7 (65) ans et 62%. Au total des 4567 lésions macroscopiques détectées, 8% étaient des SP, 47,4% des TA et 6,4% un K (48,4% d'autres: PH, inflammatoire, neuroendocrine, lipome etc...). Sur l'ensemble des SP, 85% étaient des adénomes festonnés et 15% des festonnés hyperplasiques. Les lésions de type SP et TA sont réparis sur tous les segments coliques et survenaient particulièrement après l'âge de 50 ans. L'étape de carcinogenèse caractérisée par l'association simultanée avec une lésion avancée colique (N = 259) ou un cancer (N = 274), était atteinte dans 24% des cas. Par rapport aux TA, ce risque relatif de dégénérescence était supérieur (OR = 3,604, (p < 0.05) pour les SPs par un délai d'exposition plus court (âge plus jeune OR = 1,480), une exposition plus importante à l'environnement (nombre plus élevé de polypes associés OR = 1,663) et une écologie microbienne différente (OR = 3,25 prédilection pour le colon droit; p < 0.001).

Discussion:

La voie de carcinogenèse colique relative aux SPs est sans doute différente de la voie relative aux TAs, tout en partageant des caractéristiques épidémiologiques communes (âge mur d'apparition et importance de lésions multiples associées).

Conclusion:

Les patients présentant un SP de localisation droite et associé à un nombre élevé de polypes (de toute nature histologique) doivent être soumis à une politique de dépistage colique à un âge plus jeune. Les modalités (coloscopie vs. FIT) et la fréquence d'une surveillance particulière des patients porteurs de SPs nécessitent la mise en place d'une étude prospective interventionnelle tout au moins sous forme d'observatoire national.