Endoscopy 2018; 50(03): 332
DOI: 10.1055/s-0038-1623395
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Georg Thieme Verlag KG Stuttgart · New York

Taux de détection des adénomes et risque de cancer d'intervalle après coloscopie dans le programme français de dépistage organisé en Isère de 2002 – 2013

C Exbrayat
1   Meylan
,
A Seigneurin
2   La Tronche
,
P Jennings
1   Meylan
› Author Affiliations
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Publication History

Publication Date:
26 February 2018 (online)

 

Introduction:

Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus souvent diagnostiqué chez les hommes et le deuxième chez les femmes, avec 1.4 million de nouveaux cas et 693 000 décès en 2012 dans le monde.

En France, le dépistage du cancer colorectal est basé sur un test de recherche de saignement occulte dans les selles et une coloscopie est réalisée en présence d'un test positif. La coloscopie n'a pas une sensibilité de 100% et le taux d'incidence de cancer d'intervalle post coloscopie (PCCRC) varie entre 0,22 et 2,2 cas pour 1 000 personnes-années et un sur 27 cancers colorectaux étant diagnostiqué entre 6 et 36 mois après une coloscopie.

Les objectifs de cette étude sont:

  • De décrire les caractéristiques des PCCRCs.

  • De calculer l'incidence de PCCRC en Isère, et de la comparer à l'incidence des autres régions.

  • De classer les PCCRC par étiologie (prélèvement incomplet, échec de détection par biopsie, cancer raté, nouveau cancer)

  • D'étudier les facteurs de risques de PCCRC liés à l'endoscopiste.

Patients et Méthodes:

L'étude a porté sur les coloscopies faites après un test de dépistage positif entre 2002 et 2013 dans le département de l'Isère. Les PCCRC étaient définis comme des adénocarcinomes diagnostiqués entre six et soixante mois après coloscopie. Le croisement des participants au programme départemental de dépistage des cancers colorectaux entre 1er janvier 2002 et 31 décembre 2013 avec la base de données du Registre du cancer de l'Isère a permis d'identifier les PCCRCs et de comparer leurs caractéristiques avec: les cancers d'intervalle post hemoccult (CI gFOBT), les cancers dépistés (SC) et les cancers hors dépistage (NPC) pour cette période.

117 gastroentérologues ont réalisé 10557 coloscopies négatives. Les facteurs de risque liés à l'endoscopiste ont été analysés parmi les 62 gastroentérologues ayant réalisé au moins 30 coloscopies pendant la période.

Résultats:

Au total, 10 557 coloscopies négatives ont été réalisées. La répartition des cancers colorectaux au cours de cette période était la suivante 6 249 NPC, 620 SC, 15 PCCRC, 711 CI gFOBT. Parmi les PCCRCs l'âge moyen était 66,7 ans, 71% ont touché les hommes, 53% étaient localisés dans le colon distal.

1.1% (IC 95% 0.7% à 1.8%) de tous les cancers diagnostiqués dans le programme de dépistage étaient des PCCRCs avec un taux d'incidence de 0.41 (IC 95% 0.21 à 0.71) pour 1 000 personnes-années. Il y avait 1.8 (IC 95% 1.0 – 3.2) PCCRCs pour 1 000 coloscopies.

L'étiologie des PCCRC était la suivante: 7 cancers ratés, 4 nouveaux cancers, 3 échecs de détection à la biopsie et 1 prélèvement incomplet.

Les TDA (taux de détection des adénomes) étaient très hétérogènes et variaient de 11% à 49% (moy: 30%). On observait une diminution des TDA quand le nombre de PCCRs augmentait mais cette tendance n'était pas statistiquement significative.

Conclusion:

La prévalence des PCCRC (1,1%) et le taux d'incidence (0,41 pour 1 000 personnes-années) sont très bas contre respectivement: 1.8% à 9% et 0.2 à 2.2 cas pour 1 000 personnes-années dans la littérature. Ce résultat semble indiquer un bon niveau de qualité des endoscopies réalisées dans notre département. La comparaison reste cependant difficile compte tenu de l'hétérogénéité des études publiées.

Comparativement à la littérature, les PCCRC du département de l'Isère étaient plus jeunes, touchaient majoritairement des hommes et présentaient une distribution égale des lésions entre proximal et distal. Les méta-analyses ont montré que les patients âgés sont plus touchés par les PCCRCs, sans différence entre les sexes, et avec une fréquence 2,4 fois supérieure des cancers proximaux.

L'augmentation du risque de PCCRC avec une diminution des TDA a été montrée dans la littérature, le TDA étant un indicateur de qualité reconnu des coloscopies. Le faible effectif des cancers d'intervalle post coloscopie n'a pas permis de retrouver de tendance significative dans notre département. Une étude plus large incluant d'autres départements avec des Registres de cancer pourrait permettre de consolider ces résultats dans le programme français de dépistage des cancers colorectaux.