Endoscopy 2010; 42 - A3
DOI: 10.1055/s-0030-1250777

Dissection endoscopique sous-muqueuse en France: premiers résultats de l'observatoire de la SFED

S Farhat 1, S Chaussade 1, T Ponchon 2, T Barrioz 3, A Charachon 4, C Cellier 1, D Heresbach 5, P Bauret 6, E Ben Soussan 7, A Calazel 8, P Bichard 9, F Prat 1
  • 1Paris
  • 2Lyon
  • 3Poitiers
  • 4Créteil
  • 5Rennes
  • 6Montpellier
  • 7Rouen
  • 8Toulouse
  • 9Grenoble

Introduction: L'ESD est une technique d'exérèse en monobloc des tumeurs superficielles du système digestif développée par des auteurs japonais. L'expérience en France de cette technique est encore limitée.

Matériels et Méthodes: Une fiche a été distribuée à tous les membres de la SFED ayant déclaré pratiquer cette technique. Cette fiche comporte des données démographiques et cliniques ainsi que les moyens mis en oeuvre, les résultats et les complications immédiates des gestes réalisés.

Résultats: 81 fiches ont été recueillies (45h et 36 f) auprès de 10 centres. Le nombre médian de fiches par centre était de 5 (moyenne 8,1±7,5, extrêmes1–24). L'âge médian des patients était de 66 ans (28–87 ans). Le siège de la lésion traitée par ESD était gastrique antral (n=32; 39,5%), gastrique fundique (n=9; 11,1%), oesophagien (n=6; 7,4%), duodénal (n=1; 1,2%) et rectal (n=33; 40,7%). La taille médiane de la lésion était de 25mm (moyenne 29,6±20,5mm, extrêmes 2 à 120mm). La dissection a été effectuée avec le TT knife™ (23,4%), l' IT knife™ (9,8%), le Flex knife™ (9,8%), l'Hybrid knife™ (6,1%), le Flush knife™ (4,9%), le Safe-knife™ (1,2%), le Hook knife™ (1,2%) ou toute combinaison de ces instruments. Un embout distal transparent a été utilisé dans 79% des cas. L'exérèse de la lésion était complète dans 93,8% des cas, en monobloc dans 76,5% des cas. Une marge de sécuritéétait présente dans 96,2% des cas. Un geste endoscopique complémentaire de mucosectomie ou de coagulation par APC a été nécessaire chez 11 patients (13,5%). La pièce d'exérèse montrait une dysplasie de haut grade ou un cancer superficiel dans 61,7% (n=50), un polype inflammatoire dans 11,1% (n=9), une tumeur neuroendocrine dans 11,1% (n=9), un adénome en dysplasie de bas grade dans 8,6% (n=7), et une GIST ou autre tumeur sous-muqueuse dans 4,9% des cas (n=4). La durée médiane du geste était de 90 minutes (moyenne111,8±71,9, extrêmes 20–390 mn). Une hémostase préventive a été réalisée dans 51 cas par hémoclips (n=37), coag grasper™ (n=21), ou pince chaude (n=14). La morbidité immédiate a été de 29,6%, consistant en 18 cas de perforation (22,2%) dont 15 ont été traitées médicalement et 3 chirurgicalement (3,7%), et 6hémorragies (7,4%) dans les 24h suivant le geste, toutes contrôlées par endoscopie. La durée médiane d'hospitalisation était de 3 jours (de 1à16 jours, moyenne 3,9±2,6 jours); 3patients (3,7%) ont eu l'ESD en hospitalisation de jour.

Conclusion: Ces résultats permettent une première approche de la pratique de l'ESD en France. Si la morbidité rapportée est nettement supérieure aux données de la littérature japonaise, la faisabilité de l'exérèse monobloc de lésions de plus de 20mm de diamètre semble confirmée pour la majorité des lésions.