Endoscopy 2013; 45(07): 685
DOI: 10.1055/s-0033-1344602
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Commentaire de travail de Ellrichmann M et al., pp. 526

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Publication Date:
23 July 2013 (online)

M. Ellrichmann, P. Sergeev, J. Bethge, A. Arlt, T. Topalidis, P. Ambrosch, J. Wiltfang, A. Fritscher-Ravens. Prospective evaluation of malignant cell seeding after percutaneous endoscopic gastrostomy in patients with oropharyngeal/esophageal cancers.

Commentaires: Dr Stéphane Lecleire (Rouen)

L’article de Ellrichmann et al. évalue pour al première fois de façon prospective l’essaimage de cellules cancéreuses chez des patients atteints de cancer de l’œsophage ou ORL après la pose d’une gastrostomie percutanée endoscopique (GPE). Il s’agit d’une question récurrente dans la littérature qui n’avait jamais bénéficié d’une analyse prospective. C’est une étude allemande monocentrique qui a inclus 50 malades consécutifs en 13 mois (2011 – 2012) porteurs d’un cancer l’œsophage (n = 24, 11 épidermoïdes et 13 adénocarcinomes) ou ORL (n = 26). L’âge moyen des malades était de 64 ans. Le staging des cancers était UICC III ou IV dans 96 % des cas. La technique de placement de la GPE “pull through”, la plus répandue et la plus couramment utilisée en pratique clinique, était employée chez 40 malades, tandis que 10 malades présentant une sténose significative contre-indiquant cette technique de pose bénéficiaient de la technique d'insertion par ponction directe de l’estomac avec fixation par gastropexie. L’essaimage des cellules cancéreuses était évalué directement après la pose de GPE par brossage du site d'insertion et une fois également dans le suivi des malades 4 mois en moyenne après la pose de GPE. L’analyse cytologique immédiate du brossage après la pose de GPE par la technique “pull through” montrait un essaimage de cellules cancéreuses sur le point de ponction de 22.5 %, vs 0 % par la technique de ponction directe de l’estomac. Aucun de ces malades n’a développé de masse visible dans le suivi mais la survie médiane des malades était seulement de 21 semaines dans l’étude. Les facteurs de risque d’essaimage étaient ensuite étudiés. Il existait une tendance non significative à un essaimage accru en cas de cancer épidermoïde. Ces données, recueillies en prospectif, ont le mérite de remettre en lumière un risque connu mais pour le moment probablement sous-estimé d’essaimage de cellules cancéreuses par la technique “pull through” d’insertion de GPE chez les patients porteurs d'un cancer de l’œsophage ou ORL. Compte-tenu de ces résultats, il convient chez ces malades de privilégier la technique de pose de GPE par ponction directe de l’estomac ou la gastrostomie par voie radiologique. Toutefois, la faible survie des malades dans cette étude ne permet pas de connaître les conséquences à long terme d’un tel essaimage. En effet, la possibilité d’essaimage de cellules cancéreuses par la pose d’une GPE par la technique “pull through” doit probablement conduire à proscrire cette technique de pose chez un malade en curatif d’un cancer de l’œsophage ou ORL. Si une autre technique de pose de GPE n’est pas disponible, la nutrition doit être assurée par sonde naso-gastrique ou dilatation plus ou moins associée à l’insertion d’une prothèse extractible.