Endoscopy 2018; 50(03): 309
DOI: 10.1055/s-0038-1623341
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Georg Thieme Verlag KG Stuttgart · New York

Les suppositoires d'AINS sont surs et probablement efficaces dans la prévention de la pancréatite post-CPRE chez les patients de 80 ans et plus: étude comparative appariée

C Genin
1   Saint-Étienne
,
L Rinaldi
2   Saint-Etienne
,
R Kassir
3   Saint etienne
,
M Fovet
1   Saint-Étienne
,
O Dumas
4   Saint-Étienne, France
,
X Roblin
2   Saint-Etienne
,
JM Phelip
2   Saint-Etienne
,
N Williet
2   Saint-Etienne
› Author Affiliations
Further Information

Publication History

Publication Date:
26 February 2018 (online)

 

Introduction:

Malgré les recommandations de l'ESGE (European Society of Gastrointestinal Endoscopy) concernant la pratique de la cholangiopancréatografie endoscopique rétrograde (CPRE), seuls 20% des gastroentérologues en 2012 administraient systématiquement un suppositoire d'AINS en prévention de la pancréatite aiguë post-CPRE (PAP), notamment par crainte des effets secondaires potentiels. A l'inverse, l'utilisation des AINS doit être prudente chez les personnes âgées. L'objectif de notre étude était d'évaluer l'efficacité et la toxicité potentielle de l'utilisation d'un suppositoire d'AINS dans cette indication.

Patients et Méthodes:

Entre novembre 2014 et mai 2017, 615 CPRE ont été réalisées dans notre centre. Les données techniques peropératoires ont été recueillies prospectivement (cathétérisme du wirsung, recours à une précoupe, durée du cathétérisme, indication, pose d'une prothèse pancréatique, antécédent de sphinctérotomie, réalisation d'une cytoponction pancréatique). Pour chaque CPRE, nous avons rapporté rétrospectivement, les caractéristiques cliniques des patients, leurs données biologiques, ainsi que le taux de complications post-CPRE hors PAP (infection, hémorragie, perforation, évènement cardiovasculaire, insuffisance rénale aiguë définie par une augmentation de 20% de la créatinine dans les 2 jours suivant le geste), que l'on peut aussi potentiellement rattacher à l'utilisation des AINS. La survenue d'une PAP était également recueillie. Nous avons comparé ces résultats chez les plus de 80 ans selon qu'ils aient eu ou non un suppositoire d'AINS, après appariement sur le score ASA. Puis dans cette même population, nous avons recherché des facteurs associés à ces complications par analyse univariée et multivariée par régression logistique.

Résultats:

sur les 615 patients enregistrés, 412 avaient toutes les données nécessaires pour l'analyse principale dont 164 âgés de 80 ans et plus. Parmi ces derniers, 95 (57,9%) n'avaient pas eu de suppositoire d'AINS à la discrétion des 3 opérateurs. Après appariement sur le score ASA, 69 patients étaient inclus dans chaque groupe. Aucune différence n'étaient observées entre les 2 groupes concernant le score ASA, l'indice de masse corporelle (médiane: 24), l'âge (médiane: 86 ans), un antécédent d'insuffisance rénale chronique (8,7%), la prise de diurétique (41,3%) et de néphroprotecteur (27,5%), l'albuminémie (médiane:30,4 g/L), et l'indication (cancer: 25,4%). En revanche, il existait une différence significative entre les patients ayant bénéficié d'un suppositoire d'AINS et les autres, concernant la proportion de femmes (40,6% contre 59,4% respectivement), de cathétérisme du wirsung (36,2% contre 14,5%), de durée nécessaire pour cathétériser le cholédoque (> 10 minutes: 30,4% contre 8,7%) et des opérateurs (p < 0,045). Les patients du groupe AINS étaient donc potentiellement plus à risque. Malgré cela, il n'y a pas eu plus de complications hors PAP chez les patients de 80 ans et plus ayant reçu un suppositoire d'AINS (8,7%) par rapport à ceux sans AINS (18,8%; p = 0,14; RR = 0,46 [IC95%:0,19 – 1,14]). De même, les taux de PAP étaient similaires dans les 2 groupes (3,1% contre 7,6% respectivement; p = 0,44; RR = 0,41 [IC95:0,08; 2,05]). Après analyse univariée, le sexe féminin (OR = 3,2; IC95%: 1,2 – 10,6) et la réalisation d'une cytoponction (OR = 3,7; IC95%: 0,9 – 13,3) augmentaient le risque de complications hors PAP, tandis que l'utilisation d'un suppositoire d'AINS le diminuait (OR = 0,4; IC95%:0,1 – 1,1). Après analyse multivariée, seule la cytoponction y restait associée de façon significative (p = 0,026; OR = 5,1 [IC95: 1,1 – 21,6], tandis qu'il existait une franche tendance pour les femmes (p = 0,055) et l'administration d'un suppositoire d'AINS (p = 0,1). Aucun facteur n'est ressorti pour le risque de PAP après analyse univariée.

Conclusion:

notre étude montre ainsi des résultats rassurant quant à l'administration d'un suppositoire d'AINS dans la prévention des complications post-CPRE chez les personnes âgées de 80 ans et plus, et encourage donc les praticiens à l'utiliser sans limite d'âge dans cette indication.