Endoscopy 2016; 48(03): 304
DOI: 10.1055/s-0042-102489
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Fréquence et facteurs de risques de résection chirurgicale de polypes colorectaux: une étude de population

French comment on article: Frequency of and risk factors for the surgical resection of nonmalignant colorectal polyps: a population-based studyContributor(s):
N Musquer
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Publication Date:
23 February 2016 (online)

 

A l’heure du développement de l’endoscopie interventionnelle, y a-t-il encore, et si oui pour quelles raisons, des patients adressés en première intention au chirurgien pour des adénomes colorectaux ? Ces 2 questions constituaient les objectifs principaux de cette étude rétrospective rennaise compilant l’ensemble des coloscopies réalisées entre 2002 et 2012 pour test Hemoccult positif dans le département d’Ile et Vilaine.

Au total, 8663 polypes non dégénérés ont été retrouvés chez 4251 patients par 86 endoscopistes. Cent soixante-quinze patients ont été traités chirurgicalement sans recours à un centre d’endoscopie tertiaire. En ne considérant que les polypes de plus de 2 cm (le facteur principal de recours à la chirurgie), seuls 9 patients sur 672 étaient adressés à un centre tertiaire pour traitement endoscopique. Les principaux facteurs de recours à la chirurgie comprenaient tant des caractéristiques inhérentes aux polypes (taille, localisation proximale, composante villeuse, dysplasie de haut grade) que le type de centre et la période de réalisation (avant ou après 2009) de la coloscopie. Néanmoins, en se concentrant sur les endoscopistes ayant pratiqués plus de 50 coloscopies, ces deux derniers facteurs s’effaçaient au profit d’un autre “facteur de risque”, l’endoscopiste lui-même.

On peut considérer, en étant optimiste, que sur 672 patients présentant un polype de plus de 20 mm, 530 (79 %) ont été traités endoscopiquement. Il n’en reste pas moins que 142 sont tout de même opérés et que la quasi-totalité n’aura pu bénéficier d’une ultime tentative endoscopique en centre expert. Car au-delà de 40 mm, c’est seulement 29 % de patients qui sont traités endoscopiquement. Le manque de formation ou d’information, la faiblesse des réseaux ville/hôpital, l’importance du réseau endoscopiste-chirurgien au sein d’un même centre sont probablement en cause.

Ainsi, même si la résection chirurgicale de telles lésions n’est pas une faute en soi et ne disparaitra pas, elle ne doit pas, à l’heure actuelle, être une fatalité. En effet, on ne peut que rappeler que la morbidité-mortalité d’une chirurgie colique pour adénome colique est plus importante que celle d’une résection endoscopique entre les mains d’un expert (exérèse multi-fragmentaire ou dissection sous-muqueuse) et ce, pour des résultats à court, moyen et long terme équivalents.