Endoscopy 2016; 48(03): 303
DOI: 10.1055/s-0042-102486
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Les caractéristiques des endoscopistes qui influent sur la qualité de la coloscopie

French comment on article: Endoscopist characteristics that influence the quality of colonoscopyContributor(s):
S Lecleire
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Publication Date:
23 February 2016 (online)

 

Le travail de Jover et al. est l’analyse post-hoc d’une étude espagnole, appelée COLONPREV, qui visait à comparer le test immunologique de recherche de sang dans les selles tous les deux ans à une coloscopie dans la prévention de la mortalité par cancer colorectal (CCR). Quarante-huit gastroentérologues endos„copistes ont participé à cette étude pour un total de 3838 coloscopies réalisées. Les critères qualité de la coloscopie apparaissent de plus en plus importants dans la stratégie de prévention du CCR. A ce jour, les facteurs directement associés à une meilleure qualité de la coloscopie permettant d’augmenter le taux de détection des adénomes (TDA) sont le temps de retrait de l’endoscope supé„rieur à 7 min, la qualité de la préparation colique, „l’horaire de la coloscopie qui doit être réalisé au maximum 5 heures après la dernière ingestion de préparation colique et l’anesthésie générale.

Le but de cette analyse post-hoc était d’identifier les facteurs opérateur et procédure-dépendants influant sur le TDA comme objectif principal, et sur le taux de détection d’adénomes avancés et d’adénome proximaux ou distaux comme objectifs secondaires. Les facteurs pris en compte dans l’analyse concernaient l’âge, le sexe, l’activité dévolue ou non à l’endoscopie, le nombre d’années de pratique de la colo„scopie, le nombre de coloscopies réalisées par an et le nombre de formations annuelles.

L’âge moyen des médecins était de 40 ans, 23 % d’entre eux étaient purement dédiés à „l’endoscopie. Le TDA était de 31,5 %, le temps de retrait de l’endoscope de 7,8 minutes. Le taux de détection d’adénomes avancés était de 9,2 % (Table 2). En analyse multivariée après régression logistique, le seules variables statistiquement associées au TDA étaient l’âge de l’endoscopiste (OR: 1,11) et le nombre total de coloscopies réalisées depuis le début de son exercice par le praticien (OR: 1,06). La seule variable associée de façon indépendante au TDA dans le côlon proximal était le fait d’être un médecin strictement dévolu à l’endoscopie (OR: 1,71).

Le résultat principal de cette étude est la mise en évidence d’une association statistique positive entre le TDA et l’expérience du médecin endoscopiste. Cette association statistique n’est pas étonnante en soi mais la démonstration en est faite avec cette étude, bien qu’il s’agisse d’une étude post-hoc et que les odds-ratio soient relativement bas. Une étude précédente avait montré qu’un taux annuel de coloscopies supérieur à 100 améliorait significativement le TDA, ce qui intuitivement paraît également assez logique.

Un autre résultat intéressant de cette étude est l’association entre le TDA du côlon proximal et le fait d’être un médecin strictement dévolu à l’endoscopie, avec cette fois un OR à 1,71. Ceci est important à noter car les adénomes du côlon droit sont plus souvent plans et plus difficiles à détecter, avec de surcroît un potentiel de dégénérescence néoplasique plus rapide que les adénomes du côlon distal. En effet, l’expérience de l’endoscopiste dédié semble plus importante encore dans le côlon proximal.

Les limites de cette étude sont en premier lieu l’analyse post-hoc qui peut toujours égarer les conclusions du fait d’un design inadapté pour répondre aux questions soulevées en post-hoc, et le relativement faible nombre de coloscopies pour juger des critères explorés.

En résumé, cette étude souligne l’importance de l’expérience de l’opérateur dans le TDA par coloscopie, et ce notamment dans le côlon proximal.

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Fig. 1 Individual adenoma detection rate (ADR) and adenoma per colonoscopy rate (APCR) values for the 48 endoscopists in the study.